Sur le chemin

Est-ce toi que je vois, blafarde, sur le chemin

Est-ce toi qui flottes ainsi, somnambule

Est-ce toi qui assassines et qui enlace

 
Vas-tu laisser ce fardeau et tenir ma main un instant

Ou bien recueillir mon sang dans tes mains en coupe

Vas-tu lever tes yeux clairs

Ou les plonger dans ces entrailles

 
Choisis donc la tourbe ou l’eau claire

Etends-toi enfin sur ce lit

Laisse moi courir loin devant

Et fuir mes restes encore fumants




—> Pour écouter la chanson sur sound cloud  <—

Le souffle

C’est la nuit sous les grands arbres

Quand tu viens, les pieds nus

Sans un bruit, tu tournes et tu as faim

 
Pourquoi est-ce moi que tu envisages ?

Et pourquoi te penches-tu sur moi,

Si froid et si aride, dans un craquement d’os ?

 
Moi qui suis à peine

Moi qui effleure le monde

Moi qui voulais toucher le ciel

 
Tu souffles et je m’en vais.

Au matin, c’est éparpillé sur la mousse,

Que je verrai le jour



La Sèvre

De loin on peut sentir ton parfum

Ta suavité calme a envahi la nuit

Dans la clairière, immobile

Ta sève s’échappant de toi

Et tu la laisses s’enfuir sans un mot

 
Ce n’est pas la haine qui approche

Ni la colère noire qui rampe

La faim nous taraude et il fait froid

Tu es là, trop belle pour disparaitre

Quand se tarira ton souffle blanc

 
Nous préférons te dévorer

plutôt que te voir t’effacer

Dans l’étreinte, perce-nous le coeur

Mêlons notre sang, vivants une dernière fois

Et dans l’huile de nos corps glorieux

 
Terminons-en une bonne fois.




Le Chevreuil et l’enfant

 

Aux premières lueurs je t’entends qui rodes

Et qui te demandes encore pourquoi,

Alors que maintes fois tu aurais pu m’étouffer

Dans mon sommeil oublieux,

Tu t’es contenté de m’observer, inconscient.

 
Et lorsque j’entrevois ton ombre fuyante

Je sens ton regard lourd posé sur moi

Et qui me dit : « une autre fois je serais moins courtois 

Et je prendrais le temps de me repaître de toi ».

Depuis je bats la campagne, content d’être vivant.



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Caché

 

Je sors des sous bois

Les pieds nus et terreux

Les yeux grands ouverts

Et je t’aperçois,

Toi qui marche bien chaussé


Souliers vernis et complet gris

Tu avances, sûr de ta direction

Et tu m’inspires deux envies :

Me dérober à ton regard

Et t’arracher la gorge de mes dents


Dissimulé derrière une souche

J’entends ta démarche affairée

Et je sens ton odeur pesante

Je me demande, derrière ce masque,

Qu’as-tu donc à cacher ?




La Harde

Si tu n’es que frôlement sur la mousse

Si ton souffle prend le son de la brise

Si tes songes glissent délicatement sur le monde


Alors peut-être, la harde des muses se tournera vers toi

Et viendra dans une folle course répandre la beauté

Sous ton regard incrédule, noyé par la grâce

Pourtant sois prudent et reste caché


Couvre toi les lèvres de tes mains fébriles

Car si tu te dévoiles tu verras qui se dissimule

Au coeur de la mêlée fragile et mouvante


L’épée palpitante et hideuse, ta faiblesse

Qui ricane et s’impatiente en rêvant

À toutes les fois ou elle t’a percé le flanc.