Le cavalier mélangé

L’air est lourd sur la lande

Le soir tombe et le vent s’étouffe

Dans sa propre tourmente

Et offre le monde à la pesanteur

 
Toi tu as oublié de nourrir les bêtes

Tu as laissé crever la terre à tes pieds

Et ton berceau est nauséabond

Ce soir, tu souperas d’un peu de néant

 
Et le ventre bien rond de ton amnésie

Gourmand encore de plus d’oubli

Tu iras t’assoupir sur ton lit de fer

Sourd au vol des corbeaux

 
Au pas lent mais sûr dans la plaine sèche

De celui qui vient avec au coeur sa mémoire

Infaillible et sans âge, ton nom gravé tout au fond

Il va tout droit sur ton corps endormi

 
Se repaitre de tes rêves

Sa monture piétinant ta chair flasque

À peine un soubresaut t’anime

Toi, coquille vide et pantin suffisant





Caché

 

Je sors des sous bois

Les pieds nus et terreux

Les yeux grands ouverts

Et je t’aperçois,

Toi qui marche bien chaussé


Souliers vernis et complet gris

Tu avances, sûr de ta direction

Et tu m’inspires deux envies :

Me dérober à ton regard

Et t’arracher la gorge de mes dents


Dissimulé derrière une souche

J’entends ta démarche affairée

Et je sens ton odeur pesante

Je me demande, derrière ce masque,

Qu’as-tu donc à cacher ?