Portraits en noir et blanc

Cette période estivale est particulièrement chargée. En même temps que l’exposition à la Souterraine (pour encore quelques semaines) et de l’exposition à Rancon à la galerie sans titre qui s’est terminée ce weekend, une troisième exposition est en cours depuis le début du mois d’août au Jardin des Lys à saint Léonard de Noblat.

Évidemment, il a fallu proposer quelque chose à exposer. La plupart des toiles que je voulais montrer étant encore à Rancon j’étais quelque peu démuni. Par ailleurs j’avais envie de proposer quelque chose de différent de ce que avais montré lors de l’exposition collective précédente dans le même lieu.

Dernière contrainte et non des moindres : je revenais d’Espagne où j’étais intervenu au Saltamontes Festival, et j’avais 4 jours avant l’accrochage. 4 jours pour produire 3 formats qui me conviennent.

Il fallait changer de support et de technique.

J’ai donc décidé d’aborder les choses de manière la plus spontanée possible en commençant par de l’abstraction et en tentant d’exploiter un rendu presque random pour révéler des formes identifiables. Ce faisant je suis parti sur une série de portraits.

J’envisage de continuer à expérimenter dans cette voie, élaborer un process plus riche à la longue et voir où ça me mène.

En attendant, voilà ce que ça donne.

Lady Raven

 

Huile sur toile (73 X 54 cm)

Lady raven est restée longtemps en gestation. De manière un peu sourde.

J’ai à l’esprit cette figure d’une femme en robe ou jupe noire qui flotte ainsi depuis des années. Je l’ai déjà exploité en peinture (une acrylique sur carton qui représentait Virginia Woolf).

Il y a peu de temps j’ai visionné un clip musical que je n’avais pas vu depuis longtemps et j’ai compris en partie d’où me venait cette image. Il s’agit du clip de la chanson « street spirit (fade out) » du groupe Radiohead. On y voit notamment des danseuse en robes noires qui bondissent dans un ralenti surréaliste et dans ce type de pause assez étrange.

Et sans doute cette image là répondait aussi à une des visions inconscientes et plus profonde de la femme et qui m’appartenait. Quoiqu’il en soit, cela s’inscrit dans ma représentation du Féminin et qui constitue manifestement une expérience récurrente dans ma pratique artistique.

Woman

Nouvelle toile (acrylique sur toile 60 X 60 cm).
J’avais envie de partir sur quelque chose de très classique en mode Portrait. Latitude du personnage l’est mais finalement je me suis laissé porter par des choix de couleurs plus instinctives par touches. Et finalement c’est bien comme ça.P1040509

Sur le chemin

Est-ce toi que je vois, blafarde, sur le chemin

Est-ce toi qui flottes ainsi, somnambule

Est-ce toi qui assassines et qui enlace

 
Vas-tu laisser ce fardeau et tenir ma main un instant

Ou bien recueillir mon sang dans tes mains en coupe

Vas-tu lever tes yeux clairs

Ou les plonger dans ces entrailles

 
Choisis donc la tourbe ou l’eau claire

Etends-toi enfin sur ce lit

Laisse moi courir loin devant

Et fuir mes restes encore fumants




—> Pour écouter la chanson sur sound cloud  <—

Océan

Au loin, l’horizon porte ta vue

Le long de la ligne tranquille

Postée là, vigie mouvante,

Les courants furieux lèchent tes chevilles

 
Sous tes cheveux saturés d’embruns

Tournoient et palpitent l’acier et l’argent

Qui nagent au fond de ton esprit océan

Leurs ouïes béantes respirent tes pensées

 
Leurs yeux te montrent l’univers grandiose

Et tu plonges dans l’infini bleuté,

Suis la farandole délirante des vagues musculeuses

Enroule dans l’eau et dans l’air ton corps délicieux

 
Dans le roulis aérien du vent qui s’égare

Tu te répands en ondulations, en arabesques

Ton esprit court le long du rivage

Puis tu murmures ton nom dans les plis d’un rocher

La Sèvre

De loin on peut sentir ton parfum

Ta suavité calme a envahi la nuit

Dans la clairière, immobile

Ta sève s’échappant de toi

Et tu la laisses s’enfuir sans un mot

 
Ce n’est pas la haine qui approche

Ni la colère noire qui rampe

La faim nous taraude et il fait froid

Tu es là, trop belle pour disparaitre

Quand se tarira ton souffle blanc

 
Nous préférons te dévorer

plutôt que te voir t’effacer

Dans l’étreinte, perce-nous le coeur

Mêlons notre sang, vivants une dernière fois

Et dans l’huile de nos corps glorieux

 
Terminons-en une bonne fois.




La Balançoire

 

Toi en équilibre sous le brasier

Te balançant sans songe ni soucis

Et moi qui entends les derniers vestiges

De mes jeux innocents et simples

Qui craquent et qui crient dans les flammes


Je crains encore de me brûler

De sentir ma peau fondre et se fendre

Et toi qui bascules, incandescence éphémère


Et si l’insouciance c’était de se laisser manger par le feu ?

Et s’il fallait continuer de s’émerveiller quand même,

Dévasté dans l’enfer qu’on a de ses mains allumé ?